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Prenez quelques vers, une bonne inspiration et dégustez le fruit de la passion.
6 février 2008

L'enfant soldat

Chers parents,

Vous avez voulu que je parte à la guerre
Que je défende notre terre
Celle de nos ancêtres
Alors je suis parti le faire
Vous êtes si loin de ce paysage
Vous êtes si loin de ce carnage
Que je me dis qu'il est plus sage
De vous le décrire en quelques pages
Vous avez voulu que votre fils voit cela
Vous avez voulu que je connaisse la guerre
Alors laissez moi vous dire ce que je vois
Laissez moi vous faire part de cet enfer

Voilà comment ça commence…

T'es entassé les uns sur les autres
Il pleut, du moins c'est ce que tu crois
Mais en vrai ce sont les cendres des autres
Ce sont les cendres des enfants comme moi
Des jeunes qui ne savent pas encore ce qu'est la vie
Que déjà on leur apprend ce qu'est la mort
Des jeunes qui dormaient tranquillement dans leur lit
Et qu'on est venu en sortir pour qu'ils se couchent sur des corps
Des jeunes comme moi qui n'ont pas fêté leurs 10 ans
Des jeunes qui ne savent même pas ce qu'ils font ici
Mais qui sont venus parce que papa maman
Leurs ont dit qu'ils seraient braves et endurcis
Alors on vous croit et on y va
On arrive là-bas et on est fiers
Mais très vite on s'aperçoit
Qu'on est venu tuer nos frères
Mais il est trop tard
On est engagé
Et pour la plupart
Il y a du regret
Et pour moi il y en avait
Et il y avait aussi de la haine
De la haine contre ceux que j'aimais
Ceux qui m'ont envoyé sur cette plaine
Au beau milieu de nulle part
Pour que j'y trouve de l'animosité
Chez un être qui ne devrait pas en avoir
Chez un être qui ose se dire évoluer
J'ai vu des camarades et mes amis se faire tuer
Je les ai vu un par un tomber genoux à terre
Je les ai entendu gémir crier et hurler
Ils me demandaient tous d'aller chercher leur père
Et moi j'étais là assis à leurs côtés
J'étais là sans pouvoir les aider
Sans pouvoir les sauver
Alors je les ai vengé
Et à mon tour je devenais un monstre
Qui tuait par rage et colère
Qui tuait ses frères sans avoir honte
Qui possédait un cœur de pierre
Je devenais un monstre
Je devenais comme eux la pire des bêtes
Et cela sans m'en rendre compte
Sans savoir ce qui me passait par la tête
Et je tuais, je tuais des enfants
Et je tuais, je tuais encore
Mais je ne tuais que des innocents
Je les tuais en pensant être fort
Alors que je n'étais rien
Rien de plus qu'un lâche
Qui préférait abattre les siens
Plutôt que de se tourner contre ceux qui se cachent
Derrière leurs bureaux et qui interrompt la Paix
Parce qu'ils veulent être respectés
Par les nations du monde entier
Sans se soucier des pertes occasionnées
Avec toujours de beaux discours
Et moi pendant ce temps je continuais cette hécatombe
Là où elle n'aurait jamais dû voir le jour
Tout en remplissant de nouvelles tombes
Je continuais ce dont je pensais être bien
Je continuais à défendre la terre de nos aïeuls
Je continuais à défendre les miens
Je continuais en étant bientôt seul
Mais je ne remarquais rien
Je ne voyais plus rien
Je n'entendais plus rien
Je n'étais plus rien
Je n'étais plus qu'un être bestial
Qui venait de se perdre
Dans un monde vandale
Qui n'aurait jamais dû paraître
Et j'errais inconsciemment
Je ne savais plus ce que je faisais
Je tuais spontanément
Je n'avais plus d'identité
Puis un sifflement a retenti
Une douleur s'est faite sentir
Et j'ai poussé un cri
Je me suis effondré dans la nuit
Mes yeux se sont fermés
Mon cœur battait toujours
C'était mon bras qui était touché
Ce n'était pas mon jour
Pourquoi je ne le sais pas
Mais tout ce que je peux dire
C'est que cette balle dans mon bras
M'aura évité le pire
Non pas de mourir au combat
Mais de tuer d'autres gamins
Cette balle dans mon bras
M'aura empêché de devenir inhumain
Puis j'ai ouvert les yeux
Je n'étais plus sur le champ de bataille
J'étais dans un lit loin des coups de feu
Avec seulement une entaille
On est venu me dire
Que j'étais chanceux
J'ai préféré rien dire
J'ai refermé les yeux
La nuit je revoyais ces scènes atroces
Je tremblais, je suais, j'avais peur
Je voyais des balles et du sang sur mon torse
Je croyais sans cesse que c'était mon heure
Je ne passais plus un soir
Sans revoir un seul de ces visages
Rempli de hargne et de désespoir
Rempli d'angoisse mais de courage
Voilà ce que vous vouliez que je vois
Voilà ce que vous vouliez que je sois
Et soit disant pour qu'on soit fier de moi
Soit disant pour qu'on soit fier de moi

Je préfère moi
Être fier de moi
Et c'est pourquoi
J'ai fais ce choix
De partir loin de vous
De partir pour toujours
De quitter ce monde de fou
Et de trouver un monde d'amour

enfant_soldat


30 août 2007

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Commentaires
J
Non mais c'est trop triste la fin !!!! Je vais me mettre à pleurer moi !!! Et je ne plaisante pas hein !<br /> Tu vois, ça, c'est ce que j'appelle un "vrai" poème : il est long, il y a une belle longue histoire ...Même si c'est triste, c'est très beau quand même car c'est certainement ce qu'il est vraiment arrivé à de nombreux jeunes hommes ...<br /> <br /> Bisous !
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